Livres d'enfants
Publié le 28/09/2008 à 12:00 par umpre
CYBELE ou Si Belle ?
Qui suis-je ?
Quel est ce joli nom dont l’homme m’a paré ?
Mais est-ce bien l’homme,
Cet être à deux pattes qui me l’a bien donné ?
On dit que je suis née, il y a fort longtemps
Dans un pays lointain appelé Grande Phrygie :
Un coin d’Asie Mineure sur un beau continent
Entre le Pont Euxin et la douce mer Egée.
Parait-il aussi, que je suis une déesse :
Déesse de la nature, de la fécondité !
Moi, du plus loin que mes souvenirs viennent
Je vois bien en ma tête autre réalité.
Mais est-ce bien réel tous ces rêves d’enfants ?
Viennent-ils de ce ciel ou de la nuit des temps ?
Ou sont-ils simplement images de chimères
Que de petits lutins dessinent sur la Terre ?
1 Naissance
Dis Grand-père, pourquoi toutes les fleurs n’ont pas le même parfum ?
- Ah, ma chérie, c’est une longue histoire !
-Grand-père, veux-tu bien me la raconter ?
- Bien, alors assied-toi et écoute.
C’était il y a fort longtemps, quand les hommes n’existaient pas encore. Peux-tu l’imaginer ?
-C’est bien dur Grand-père, mais je vais essayer.
-Bien ma chérie, alors ferme les yeux ! Que vois-tu ?
-Rien Grand-père, rien !
-Bon, alors maintenant au fil de mon histoire tu vas essayer d’imaginer le décor. Vois-tu ce grand et bel oiseau qui sillonne le ciel ?
-Oh oui Grand-père ! Il a deux ailes blanches et un bec doré.
-Bien ma chérie, bien ! Tu vois, cet oiseau est une magnifique femelle qui plane dans l’Univers depuis bien bien longtemps. Elle tient dans son bec un œuf bien fragile et se demande bien où elle va le poser.
-Sur la Terre Grand-père sur la Terre !
-Et non ma chérie, car la Terre n’existe pas encore ! Donc, cette maman se lamente beaucoup. Pendant des jours et des jours, elle vole, plane, vire à droite, puis à gauche, l’œuf toujours dans son bec, sans trop savoir quoi faire. Et un matin, alors que le soleil éclaire l’Univers, elle voit venir à elle un oiseau magnifique.
-Il était plus beau qu’elle, Grand-père ?
- Oui, très beau et surtout très grand. Il avait des ailes couleur de soleil et portait à son front, un petit diamant vert.
-Oh Grand-père, je le vois ! Je le vois !
-Garde bien les yeux fermés car tu pourrais le perdre ! Je continue l’histoire.
Donc ce bel oiseau au petit diamant vert, accoste la femelle au joli bec doré.
-Bonjour belle femelle, que cherches-tu dans ce ciel immense ?
Mais alors qu’elle s’apprête à lui répondre, son œuf tombe. Tu sais, un peu comme le corbeau et son fromage dans la fable de La Fontaine.
-Oui, Grand-père, mais où tombe-t-il puisqu’il n’y a pas de Terre ?
-Oh, oh, je vois que tu suis bien l’histoire !
Et oui, où va-t-il bien tomber ? Et bien, comme les cosmonautes dans l’espace, il se met à voler. Il tourne tantôt à droite, tantôt à gauche, mais sans trop s’éloigner. Très peinée d’avoir perdu son bien le plus précieux, maman oiseau demande à l’oiseau d’or s’il peut faire quelque chose pour l’aider.
« Oui, dit-il, si tu me promets de rester avec moi dans ce grand univers, je peux très rapidement construire une Terre. Tu reprendras ton œuf, le déposeras dessus, le couveras pendant un mois et puis tu reviendras près de moi.
-Mais Grand-père, comment pouvait-il compter les jours, il n’y avait pas de calendrier ?
-Tu as raison ma chérie, mais en ce temps-là, on comptait les soleils ! Chaque lever était un jour. Donc, la maman accepte, car comme toutes les mamans, elle veut pour son enfant le bien-être et la sécurité. Et c’est là ma chérie que la belle histoire commence.
Attrapant son diamant à l’aide d’une de ses pattes, l’oiseau d’or le frotte sur le sommet de sa tête en prononçant ces mots : « Diamant de mon cœur, puissance de ma vie, crée dans ce grand espace une Terre pour ma mie. » Il lâche alors le diamant qui se met à grossir, grossir, grossir !
-C’était la Terre Grand-père ?
-Oui, ma chérie, c’était la Terre.
Sans difficulté, maman oiseau rattrape délicatement son petit œuf, le pose sur la Terre et le recouvre de ses ailes. Trente soleils se lèvent, trente soleils se couchent et la coquille se brise. Maman oiseau regarde avec attendrissement son œuf se fendiller, elle attend de voir la petite tête qui lui ressemblerait ! Mais quelle n’est pas sa surprise quand elle voit apparaître une petite feuille. En fait, je dis « feuille » ma chérie, car nous, nous savons que cela s’appelle comme cela, mais l’oiseau l’ignorait ! Tu comprends ma chérie ?
-Oui Grand-père, c’est sûr puisque les arbres n’existaient pas !
Donc maman oiseau, pensant que son œuf est stérile, se met à pleurer, pleurer au dessus de cette petite chose verte. Mais au fur et à mesure que ses larmes coulent, ô miracle, la feuille grandit. Un petit bouton se forme alors tout en haut d’une tige et, le lendemain, alors que le soleil apparaît, une jolie fleur défroisse sa corolle.
-Oh ! Dit maman oiseau, mais qui es-tu ? Tu es si belle !
Et c’est ainsi que naquit CYBELE, déesse de la Nature.
-C’est fini Grand-père ? Je peux ouvrir les yeux ?
-Non, ma chérie, l’histoire est loin d’être finie, mais veux-tu qu’on se repose un peu ?
Publié le 29/09/2008 à 12:00 par umpre
-Oui Grand-père, je voudrais bien aller goûter !
Grand-père et la fillette se dirigent alors vers la maison. Sur la table, un bouquet de fleurs exhale dans la pièce un subtil parfum.
-Tu crois Grand-père que ce sont les filles de CYBELE ?
-Certainement ma chérie, car depuis sa naissance, les petites graines n’ont pas arrêter de se multiplier ! Veux-tu de bonnes fraises pour ton goûter ?
-Oh oui, Grand-père ! Mais dis moi Grand-père, les fraises, c’est encore CYBELE ?
-Et oui ma chérie, c’est encore Elle.
-Alors je vais lui dire merci et merci à Grand-mère qui nous les a divinement bien préparées !
Quand les fraises, la tartine de pain beurrée et le jus de fruit furent avalés, Amandine demande : « Grand-père, veux-tu continuer l’histoire ? »
-Oui ma chérie, installons-nous dans ce grand fauteuil près de la fenêtre.
Donc CYBELE étant née, l’oiseau au bec doré doit selon sa promesse retourner vers le ciel pour rejoindre Oiseau d’or. Après bien des caresses faîtes à sa petite CYBELE, elle reprend son envol. Mais, alors que l’oiseau atteint l’espace et que la Lune fait son apparition, la petite CYBELE entonne une chanson :
Ô oiseau de couleur qui m’a donné la Terre,
Peux-tu dire à la Lune de toujours m’éclairer ?
J’ai besoin de trouver d’autres sœurs fidèles
Pour enchanter ce monde et fleurir à jamais.
Toute la nuit, CYBELE répète le couplet. Quand la Lune disparaît pour faire place au soleil, elle découvre autour d’elle une multitude de fleurs. Emerveillée par ce spectacle coloré et enchanteur, elle demande :
« Mais d’où venez-vous ? »
-De ton cœur, répondent-elles. Pendant toute la nuit, tu nous as appelées, nous sommes là, maintenant et nous voulons t’aider. Tu veux que cette Terre soit l’une des plus belles, alors couvrons le monde de nos tiges dressées et ouvrons vers le ciel nos plus belles corolles afin que le soleil puisse les réchauffer.
-Oui ! Dit l’une d’entre-elles, mais moi je veux avoir le parfum de ma voisine !
-Pourquoi dit CYBELE, ton parfum ne te plaît pas ?
-Si, mais le sien est bien meilleur !
-Tu sais petite fleur, on ne peut être toutes pareilles, il faut bien sur cette Terre de la diversité ! Regarde ce chardon, il est grand et bien fier mais à cause de ses épines, je ne peux le caresser ! Toi, tu es toute petite, mais si tendre et si belle qu’on ne peut t’effleurer sans bien te regarder ! Vois encore l’orchidée, cette fleur suprême, elle parera un jour les plus beaux décolletés, mais sera-t-elle, un parfum apprécié par toutes ces demoiselles ? Toi tu n’es que jasmin, petite fleur toute blanche, mais…mais… un jour lointain, tu seras le nectar des plus jolis flacons !
« Belles de jour, belles de nuit, fleurs des champs et fleurs des villes, fleurs des jardins, fleurs des balcons, nous sommes là pour parer un monde qui va venir ! Alors soyons heureuses d’orner toutes ces chaumières qui un jour pousseront au milieu de nos fleurs. Soyons toujours amour, et donnons toutes nos graines pour que la Terre soit palette de couleurs. »
Voilà ma petite chérie, cette fois l’histoire est bien finie, mais ce n’est simplement que le premier chapitre car depuis ce beau jour où CYBELE est née bien des petites sœurs l’ont bien accompagnées. Elles recouvrent maintenant notre belle Nature qui entoure nos biens et aussi d’autres choses, c’est pourquoi nous devons toujours la respecter.
Respectons les endroits où racines se posent car elles seules savent bien ce qu’il faut pour leurs pieds. On dit toujours ma petite chérie, que la Nature reprend toujours ses droits, c’est un peu comme toi, ma petite Amandine, ta maison, tu la veux toujours au même endroit. Alors fais comme CYBELE, réunis tes amis et dis leur qu’ils ne doivent pas saccager la Nature, car cette Nature vois-tu est le bien de la vie, c’est elle qui nous permet de respirer et vivre.
Ô CYBELE immortelle
Toi qui reviens toujours
Pour satisfaire nos sens
Et nos plus beaux atours !
J’aime ta robe verte
Qui recouvre la Nature
Piquée de fleurs offertes
A ta longue chevelure !
Tu marches lentement
Dans les sous-bois dorés
Pour ne pas révéler
Tous ses petits secrets,
Mais moi, de ma fenêtre
Je veux suivre tes pas
Afin de faire fête
Quand tu arriveras.
Publié le 01/10/2008 à 12:00 par umpre
2 Le retour de l’oiseau
Amandine et Grand-père se tiennent au coin de la cheminée. Maman, à l’étage, baigne bébé. Quant à Grand-mère, elle prépare dans la cuisine la pâte pour faire des beignets que la famille dégustera demain, au petit-déjeuner.
« Grand-père, dit Amandine, j’ai fini mes devoirs et appris mes leçons. Ne voudrais-tu pas continuer l’histoire de ce grand oiseau blanc ? »
- Si tu veux ma chérie, le dîner n’est pas prêt, nous avons bien le temps !
Donc l’oiseau blanc ayant quitté la Terre au bout de trente soleils, rejoint l’Univers. Très heureux du retour de sa tendre amie, l’oiseau aux ailes d’or illumine le ciel de milliards d’étoiles.
« Tu as tenu ta promesse, lui dit-il, alors pour te récompenser, je t’offre un petit anneau d’or, gage de mon amour. Cet anneau vois-tu, a deux pouvoirs :
Passé autour du bec, il te permettra d’observer sans jamais te faire voir.
Glissé à la patte, tu voyageras au-delà des frontières sans avoir une quelconque inquiétude de te perdre, car il sera toujours relié à moi ».Acceptes-tu mon présent ?
-Oui, Oiseau d’or, s’il m’est permis de surveiller mon enfant, alors je passerai cet anneau autour de mon bec. Mais, pour aujourd’hui, j’aimerais avec toi visiter l’Univers. Elle enfile l’anneau à sa patte et sitôt fait, ils prennent tous deux grande vitesse.
Devant eux s’étend un espace infini.
-Veux-tu voir les mondes au-delà de cette sphère ? Demanda l’oiseau d’or à sa belle amie.
-Si cela te plaît, je veux bien.
-Alors suis bien mes ailes, je t’ouvre le chemin.
Regarde douce amie
Comme mon cœur t’aime,
Il ouvre pour toi seule
Les portes de l’inconnu,
Il fait chanter les ondes
D’une musique suprême
Pour que ta vie ici
Soit un beau paradis.
L’oiseau au bec doré aperçoit alors des montagnes, des rivières, des paysages de rêve qu’elle ne connaît pas.
« Bel oiseau ! Bel oiseau ! Crie-t-elle, est-ce que la Terre de CYBELE est merveilleuse comme cela ? »
« Oui dit le grand oiseau, il y a des montages, océans et grandes plaines, des rivières, des vallées, déserts et glaciers, il y a aussi des grands espaces verts tout pleins de grands oiseaux et mammifères aussi. Dans les coins bien cachés entre les roches vertes, des cascades coulent sans jamais s’arrêter, car les pluies donnent à cette Terre si belle de grands réservoirs d’eau pour les alimenter. »
« Oh Bel oiseau, dit la femelle, CYBELE est heureuse, je peux me reposer. J’ouvrirai bien souvent mes deux grandes ailes pour aller vers ce monde sans jamais le toucher. »
-Grand-père, cela doit être dur de ne plus voir son enfant ?
-Eh oui, ma petite chérie, et sur Terre cela arrive bien souvent ! Mais écoute la suite.
Plusieurs années passèrent, l’oiseau au bec doré passait des soleils heureux, mais au fond de son cœur, elle entendait CYBELE, elle voulait la revoir, l’embrasser, lui parler, elle voulait savoir ce qu’elle devenait. Alors sans réfléchir à toutes les conséquences, elle allie les pouvoirs du petit anneau d’or.
« A la patte d’abord, je volerai vers elle, puis au bec ensuite, je la verrai passer, je remettrai alors mon anneau à la patte et ainsi bien près d’elle, je pourrai lui parler. » Ce raisonnement lui semblant bien correct, elle s’exécute. Et c’est ainsi qu’elle se retrouve sur la Terre.
-Ah, Grand-père, j’aime mieux cela !
« CYBELE ! CYBELE, mon amour de la Terre, je ne pouvais rester plus longtemps sans te voir, mon cœur était si triste à ne savoir quoi faire pour te dire je t’aime, je t’aime, de vive voix. »
L’aurore se levait, CYBELE très émue, fait offrande à sa mère d’une goutte de rosée. L’oiseau la prend tout au bout de son bec et rend à CYBELE un énorme baiser.
« Ma petite déesse, ma perle adorée dit la maman oiseau, comment ne pas reprendre le chemin vers cette éternité ? Je veux rester ici, près des arbres et des fleurs, je veux porter tes graines sous d’autres horizons ! »
« Maman ! Dit CYBELE, cela est dangereux, car avec tes grandes ailes, tu ne pourras plus rejoindre ton Bel oiseau ! »
-Mais Grand-père, pourquoi a-t-elle dit cela ? Les oiseaux, ça peut toujours voler !
-Pas toujours ma chérie. Si leurs ailes se brisent, ils sont bien condamnés à l’immobilité. Je crois que CYBELE craignait pour sa maman, elle avait peur qu’elle se fatigue et vieillisse avec le temps ! Mais… écoute bien !
-Tant pis, tant pis ! Dit l’oiseau au bec doré, je porterai les graines jusqu’à épuisement, pour que toi ma CYBELE, tu renaisses au printemps.
L’oiseau au bec doré reste donc sur la Terre et sème bien des graines sur toutes les contrées. Puis un jour, fatigué de porter ses deux ailes, il se couche sur l’herbe que la nuit recouvrait.
« Tant pis dit-il si les oiseaux ne retrouvent pas leurs ailes, tant pis si leurs chants s’arrêtent un beau matin, moi je sais que CYBELE renaîtra sur la Terre pour que d’autres oiseaux enchantent ses matins. »
-Grand-père, je ne comprends pas !
-Tu sais ma chérie que lorsque l’oiseau meurt, s’il n’a pas laissé derrière lui de petits oisillons, c’est toute la famille qui disparaît. La nature, elle, elle sème toujours des graines. Quelquefois, une plante que tu croyais morte, se met à repousser à la saison du printemps.
- C’est vrai Grand-père ! Maman voulait jeter son Artémis, elle croyait que les fortes gelées de l’hiver « l’avaient mouru. »
-Oh ma chérie ! Quel est ce français ?
-Tu n’as pas compris Grand-père ?
-Oui, oui, ma chérie, mais on dit : « l’avaient brûlé ».
-Pourquoi Grand-père, il n’y avait pas de feu !
-Non, bien sûr ma chérie, mais le grand froid comme le soleil peuvent brûler les plantes !
-Ah !
Alors qu’Amandine demeurait perplexe, elle entend maman l’appeler:
« Amandine ! Amandine ! Viens te doucher ! »
Obéissante, la fillette fait un bisou sur la joue de Grand-père et monte l’escalier.
A vingt heures, quand le repas fut prêt, maman, papa, grand-père, grand-mère et Amandine prirent place autour de la table. Un succulent potage fumant les attendait, suivi d’un gratin dauphinois et d’une bonne mousse au chocolat que Grand-mère avait préparée.
« Grand-père dit Amandine, dépêche-toi car avant de m’endormir, j’aimerais bien connaître la fin de l’histoire !
-D’accord ma chérie, je vais prendre une douche et te rejoins dans la chambre. Mais pas trop longtemps ! Tu sais que les enfants ont besoin de sommeil pour être toujours en forme et bien suivre les leçons !
-Oui, Grand-père, pas trop longtemps, promis !
Publié le 03/10/2008 à 12:00 par umpre
3 L’île au Scarabée
« Es-tu bien installée dit Grand-père, à Amandine, nous partons voyager. »
-Oui Grand-père, je suis bien couverte.
-Alors décollons !
De longs soleils passèrent, des mois et des années, des années et des siècles, et oiseau blanc ne revenait.
« Comment, se dit Oiseau d’or, comment a-t-elle pu me quitter ? Je l’ai aimée bien plus que l’aurore, pourquoi, pourquoi m’a-t-elle abandonné ? » C’est alors que versant d’innombrables grosses larmes, des larmes et des larmes que son cœur retenaient, des mers et océans vinrent prendre grandes places sur cette Terre si belle qu’il avait bien créée.
CYBELE se trouvant sur un petit bout de Terre, voit autour de celle-ci des eaux l’encerclaient.
« Mais qu’arrive-t-il comment vais-je faire pour bien semer mes graines dans toutes les contrées ? » Dois-je rester isolée au milieu de ce plan ? Est-ce, ce bel oiseau qui me donne abris ? »
Ne sachant trop que faire, elle se met à pleurer.
Des soleils se levèrent, des soleils se couchèrent, sa vie ne semblait plus avoir aucun attrait. Alors elle marche sans but et avec peine afin d’en découvrir, peut-être le secret.
Arrivé tout au bout d’un chemin de traverse, elle découvre une plage où la mer jouait. « Tiens se dit-elle, pourquoi les eaux avancent et reculent ? Réfléchissent-elles avant d’aller plus loin ? Veulent-elles me parler ? Peut-être me mettre en garde ? Je vais donc passer et continuer mon chemin. »
« Ouf ! dit une vague, on l’a échappé belle, avec de l’eau salée, on perd notre CYBELE ! »
-Et oui Grand-père, le sel cela brûle les plantes ! C’est la maîtresse qui nous l’a dit !
-Oui, ma chérie !
Après une longue marche sous un soleil ardent, elle aperçoit près d’elle des marques sur le sable. Etonnée de trouver de si jolis dessins, elle se met à chercher l’auteur de cet ouvrage. Ne voyant aucune âme dans les alentours, elle s’assoit un moment pour reprendre haleine. Et alors qu’elle pose sa main sur le sable, elle sent un grattement près de son petit doigt. Un joli scarabée sentant une fraîcheur, émerge du sable où il s’est enterré.
« Oh, petit ami, comme tu es beau ! Je m’appelle CYBELE, déesse de la Nature, et toi, quel est ton nom ? »
-Scarabée, ma belle ! Scarabée d’or.
-Il est vrai que ta carapace est belle ! Au soleil elle brille très fort !
« Oui, dit le scarabée, c’est pour cela que je plonge sous le sable pour ne pas en user les reflets. »
-Dis-moi beau Scarabée, te plais-tu sur cette île ? Y a-t-il longtemps que tu en es son hôte ?
- Oh, Déesse, je ne saurais le dire ! Je crois bien y être depuis deux mille ans ?
-Deux mille ans ! Reprit CYBELE, mais qu’as-tu fait pendant tout ce temps ?
-J’ai erré sur les plages, j’ai erré sur les terres et puis un jour, j’ai pensé qu’ici, je pourrai être heureux.
-C’est donc une Terre où je peux rester ?
-Bien sûr, dit scarabée, si tu le veux bien !
-Bien, je vais donc grimper là-haut sur le rocher, car moi, j’aime bien le soleil mais j’ai une préférence pour les coins ombragés.
-Oh, Belle Déesse ! Si tu veux des ombrages, il te faudra les créer, car ici, les rochers et la plage sont les seules beautés.
-N’aie crainte Scarabée, je vais me mettre au travail et faire de cette Terre un endroit bien douillet. Quand tu auras fini d’arpenter toutes les plages, tu pourras venir chez moi et bien te reposer. Bon, je te remercie d’accepter ma présence, et maintenant il me faut m’en aller, car la nuit va venir et la route est bien longue avant de trouver où je plante mes souliers.
Après de grandes promesses, promesses d’amitié, CYBELE laissa Scarabée dans toutes ses pensées. Elle gravit lentement un grand rocher lunaire. Rien, rien n’y avait poussé. « Et bien dit-elle, il était temps que j’y mette les pieds ! » Et en disant cela, elle se mit à chanter :
Arbres, taillis et fleurs
Où êtes-vous mes sœurs ?
Venez me retrouver
Pour la prospérité !
Arbres, taillis et fleurs,
Où êtes-vous mes sœurs ?
Je vous attends ici
Pour faire un paradis !
Comme par le passé, elle chanta sa chanson toute la nuit sous la Lune montante, et le matin. Quand le soleil parut, partout où ses pas avaient foulé le sol, des fleurs, des arbres et des taillis avaient pris racines. Elle n’eut alors que l’embarras du choix pour choisir sa maison. Une jolie maison faite de branches d’arbres qui se pliaient au dessus d’elle pour bien la protéger.
En disant cela, Grand-père avait baissé la voix car les yeux d’Amandine doucement se fermaient. Il reprit la chanson en chuchotant cette fois pour ne pas réveiller son petit lapin blanc.
Arbres, taillis et fleurs
Où êtes-vous mes sœurs ?
Venez me retrouver
Pour là………
Il laissa en suspend la toute dernière phrase, se leva doucement, sortit de la chambre et referma la porte.
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Publié le 06/10/2008 à 12:00 par umpre
4 L’arbre
Le lendemain, alors qu’une odeur de beignets emplissait la maison, Amandine descend de sa chambre en chantant :
« Arbres, taillis et fleurs
Où êtes-vous mes sœurs ?
Arbres, taillis et fleurs,
Où êtes-vous mes sœurs ? »
Apparemment, elle n’avait retenu que les deux premières phrases avant de s’endormir.
-Bonjour tout le monde ! Elle courut vers sa grand-mère et l’embrassa. Hum ! Grand-mère, j’ai faim ! Vite, vite, je veux bien manger avant d’aller à l’école : mon bol de lait, mon jus de fruits et tes délicieux beignets. Merci Grand-mère.
« Tu restes à la cantine ma chérie ? » Demande maman.
-Non, non, Grand-père vient me chercher.
-D’accord ! Sois prudente avec ton vélo !
-Pas de souci maman, je suis le trottoir et reste bien à droite.
Le petit déjeuner avalé, Amandine part à l’école. Depuis peu, ses parents lui ont donné la permission de se déplacer en vélo. Il faut dire qu’elle habite un petit village où la circulation n’est pas dense.
Il était 11 heures trente, quand Grand-père vint chercher Amandine à l’école. Lui aussi avait une bicyclette. C’est donc ensemble, l’un derrière l’autre qu’ils rejoignirent la maison où Grand-mère les attendait avec un bon repas. Dès que celui-ci fut terminé, Amandine alla vite se brosser les dents et revint vers son Grand-père. Oh ! Celui-ci compris très vite la cause de cet empressement.
« Je parie dit-il que ma petite chérie a hâte de connaître la suite de mon histoire ! »
Oh oui, Grand-père, s’il te plaît !
-Bien, alors va vite me chercher un bon petit café à la cuisine et je te raconte la suite. Mais tu sais, ce ne sera qu’un petit morceau car il te faut retourner à l’école !
D’ac ! d’ac ! Grand-père.
CYBELE vivait donc au sommet de l’île, perchée dans son arbre. Elle continuait toutes les nuits à chanter. La terre étant bien grande, les rochers très abrupts, elle ne cessait le jour, de courir les sentiers afin de vérifier si tout était parfait.
En bas sur la plage, toujours au grand soleil, les pattes dans le sable et les yeux vers la mer, Scarabée s’ennuyait.
« Oh ! Se disait-il, que pourrais-je bien faire pour raccourcir le temps de ces longues années ? Voilà bien longtemps que je cours sur cette plage, sur ce fin sable blanc qui me chauffe les pattes et je ne trouve rien pour bien me divertir ! Le soleil est si chaud, qu’il me faut m’enfouir sous tous ces petits grains pour trouver la fraîcheur et en faire mes matins. Oh, la, la ! Mais pourquoi ne puis-je aller sur ces terres lointaines, là où les gens s’amusent et rient bien à la fois ? »
Et c’est un soir, en se plaignant à la Lune bien pleine, qu’il plongea dans ses rêves sous sa belle carapace.
Pendant que son sommeil prenait grande profondeur, un tronc d’arbre, bercé par les vagues et le souffle du vent, apparut sous un rayon de Lune. Il arrivait d’un pays situé de l’autre côté de la mer où toute une équipe d’hommes avait saccagé une forêt pour construire des maisons. La terre ayant été malmenée pendant cet ouvrage, un arbre était tombé au sol en gardant ses racines.
Le soir, à la tombée de la nuit, la mer bien capricieuse qui avait gardé son calme tout au long de la journée, gonfla si fort ses eaux, qu’une grosse vague vint prendre le tronc dans son plus beau rouleau.
Ballotté comme un vulgaire brin de paille, Tronc d’arbre dut se battre contre les éléments. Son voyage dura deux très longues semaines. Le soleil, le vent, la pluie l’ayant quelque peu fatigué, il se laissa bercer par la douceur des vagues.
« Ah, disait-il : Quand pourrai-je me poser ? Quand pourrai-je retrouver le sol et toute ma quiétude ? Je ne suis pas fait pour de si longs voyages ! Je veux me redresser et trouver mes racines ! »
C’est donc au milieu de ces fervents souhaits, qu’il accoste sur l’île où Scarabée dormait. Bien las, il reste affalé comme un vulgaire bois mort.
La nuit est encore au milieu de sa course et aucun bruit n’égaye l’atmosphère, si ce n’est la douce chanson des vagues qui berce les étoiles de mer.
Mais alors que Tronc d’arbre dort, on voit apparaître sur la ligne d’horizon une lumière orange. Très faible au début, elle prend si belle ampleur qu’au bout d’un court instant, le ciel s’illumine. Est-ce cette lumière qui fut cause du réveil de Scarabée ? Toujours est-il, que le sable bougea, et telle une petite pelleteuse, notre ami Scarabée, les pattes engourdies fit son apparition au milieu de la plage.
Les vagues ayant perdu de leur intensité, Scarabée s’approche pour laver ses petites pattes. Mais alors que la vague doucement le ramène sur le sable mouillé, il heurte de sa tête notre fameux tronc d’arbre. Tout d’abord il croit voir un énorme bateau, car étant de si petite taille, ce tronc lui semble être géant. Il se met alors à en faire le tour.
« Mais qui vient ici me poser grande barrière dit-il ? » Et alors que sa colère monte, Tronc d’arbre ouvre les yeux.
« Mais qui me gratte les puces de si bon matin ? Dit Tronc d’arbre. Je croyais avoir pourtant pris un long et frais grand bain ? Mais… Mais… Qui est cet habitant à la robe dorée ? »
Entendant tous ces mots, Scarabée s’arrête. Faisant grande marche arrière, il escalade la coque de ce joli bateau.
« Tiens, dit-il, je ne vois pas le capitaine, où peut-il bien se cacher ? » C’est alors que reprenant sa course, cette fois sur le dos du tronc, il arrive près d’un nœud.
« Grand Dieu ! Dit Scarabée, tu as perdu ton ancre ? Mais comment se fait-il que tu n’aies plus ta casquette ? »
« Les hommes me l’ont prise répondu l’arbre triste, et je ne sais comment aller la rechercher ? »
-C’est quoi sa casquette Grand-père ?
-Le feuillage ma chérie !
« Ecoute répondit le Scarabée, toi, tu es fort mais tu ne peux bouger, moi, je suis bien petit mais j’aime à trottiner, alors, nous allons essayer de trouver une solution à ton problème.
Tout d’abord dit-il, il nous faut réfléchir.
Te porter ? Il n’en est pas question.
Te tirer ? Je ne pourrais le faire.
Voyons, voyons… Je vois ici de belles antennes, ne pourrais-je les prendre sous mes petits crochets ? »
-Ce ne sont pas des antennes Petit, ce sont mes pieds, mes racines si tu préfères, et c’est grâce à ces racines que je retrouverai ma casquette.
-Mais dis donc beau tronc, si je t’aide, me la prêteras-tu ta casquette pour abriter mes jours trop ensoleillés ?
-Certainement ami, je pourrais t’abriter de la pluie, du soleil et même te nourrir si tu le veux bien !
-Bien, alors, il faut que je creuse ma pauvre cervelle pour arriver à te satisfaire.
Le Scarabée prend alors sa tête entre les pattes et se met à réfléchir. Puis au bout d’un moment il s’écrie : « Je crois que j’ai la solution. Veux-tu m’attendre ici ? Il faut que j’aille rendre visite à quelqu’un. »
Prenant un grand courage et un bon entrain car il le sait, la route sera longue, il se met à gravir un énorme rocher. Le soleil étant presque au zénith, il sent sur sa carapace une grosse brûlure, mais voulant faire plaisir à son nouvel ami qui a su par sa présence amener dans sa vie un projet d’avenir, il grimpe sans se plaindre. Après quatre bonnes heures de marche, il arrive chez son amie CYBELE. Celle-ci l’avait souvent invité mais il préférait les plages et le bon air marin à cet endroit de grande fraîcheur. Après des retrouvailles pleines de grande tendresse, Scarabée parle à CYBELE de son ami Tronc d’arbre. CYBELE écoute l’histoire avec grand intérêt puis, quittant son fauteuil, elle va chercher dans un bocal une petite graine.
« Ecoute bien ! Dit-elle à Scarabée et fais bien ce que je te dis. » Elle explique alors à son ami la façon dont il devra procéder pour sauver Tronc d’arbre.
La nuit commençant à tomber, Scarabée met la petite graine entre ses pattes et prend congé. Tout doucement, ne voulant pas perdre son bien précieux, il redescend vers la mer.
Alors qu’il sort d’un taillis, il voit une lueur bleutée. Il stoppe sa marche et se dirige vers elle. Quelle n’est pas sa surprise de découvrir une jolie Scarabée !
Les étoiles scintillant dans le ciel, la Lune penchant sa mine réjouie vers les deux tourtereaux, il n’en faut pas plus pour que Scarabée tombe amoureux.
« Bah ! Dit-il, Tronc d’arbre peut bien attendre un peu, cette jolie Scarabée est ma récompense ! Je sais que l’amour est toujours pardonné, Tronc d’arbre ne m’en voudra pas. » Et il reste tout le restant de la nuit avec sa dulcinée.
-Sa dulcinée Grand-père, c’est sa chérie ?
- Oui mon lapin.
Le lendemain, alors que la grande lumière orange fait son apparition à l’horizon, Scarabée reprend son chemin et arrive sur la plage où son ami impatient l’attend.
-Alors, dit celui-ci, tu as la solution ?
- Oui, s’écrie Scarabée, tu es sauvé ! Et alors qu’il lève sa patte pour en faire tomber la graine, celle-ci a disparu.
-
« Oh ! CYBELE, dit-il, qu’ai-je fait ? J’ai perdu la graine ! » Il crie si fort, si fort, que CYBELE qui se trouve pas très loin de la plage l’entend.
« Point du tout Ami, point du tout, tu ne l’as pas perdue ! Mais tu sais que, pour que les graines poussent, il faut beaucoup d’amour et tu en as donné ! Retourne d’où tu viens et tu verras. »
Scarabée, laissant alors Tronc d’arbre sur la plage, trottine jusqu’au taillis et là, que voit-il ? Un arbre magnifique au feuillage luxuriant qui se tient debout. Faisant le tour de l’arbre, un détail l’attire : sur le tronc, un nœud comme celui de son ami. Il rassemble alors toutes ses forces et repart à grande vitesse vers la plage. Personne ! Plus rien ! Plus d’ami ! Plus de Tronc d’arbre ! Il scrute alors la mer du plus loin que ses yeux peuvent le lui permettre, mais rien, rien ne vient arrêter son regard. Son cœur alors se serre.
« Pardon Ami ! Pardon ! dit-il, j’ai manqué à mon devoir ! » Et bien triste, il refait demi tour.
Quand il arrive au pied de l’arbre, une grande feuille verte y est déposée. Sur toutes ses nervures des lettres sont gravées :
Tu es bien petit,
Mais ton cœur est grand.
Tu m’as redonné vie
Comme naissent les enfants.
De cette petite graine
Que tu as su semer (avec amour)
Est sorti de la Terre,
Un arbre enraciné,
Il deviendra bien grand
Ici dans la nature
Car CYBELE veillera
A interdire sciure.
Oxygène et ombrage
Ici je donnerai
Afin que de mes jours
Tu puisses te rappeler.
Ton ami : Tronc d’arbre
-Il est mort Grand-père ?
- Peut-être ma chérie, mais il a laissé son souvenir. C’est un peu comme les êtres humains, quand certains d’entre-eux partent, les autres ne les oublient pas.
Allez ! Allez ! Pas de pensées tristes, il faut aller à l’école !
- Tu sais Grand-père, le grand chêne à côté de l’école, c’est peut-être Tronc d’arbre ?
- Qui sait ma chérie, peut-être bien !
5 Attention danger !
- Grand-père ! C’est l’heure de mon histoire !
- Oui, oui, ma chérie, j’arrive.
Publié le 06/10/2008 à 12:00 par umpre
5 Attention danger !
- Grand-père ! C’est l’heure de mon histoire !
- Oui, oui, ma chérie, j’arrive.
Et grand-père se met à raconter :
Des soleils se levèrent, des soleils se couchèrent, des années et des siècles coulèrent sans s’arrêter puis les animaux peuplèrent la Terre. D’abord des petits et bien vite des plus gros et avec eux les chasses commencèrent. Pour vivre et grandir, il fallait se nourrir, alors souvent les forts mangeaient les plus petits.
Sur l’île où Scarabée a trouvé refuge et maintenant CYBELE, déesse de la nature, tout semble calme et reposé. Scarabée d’or ayant fondé famille, écoule des jours heureux. Plus besoin de courir à s’échauffer les pattes pour trouver nourriture pour sa grande famille, CYBELE a pourvu amplement à la chose en tapissant la terre d’une flore abondante.
L’arbre de son ami, qui maintenant repose certainement sur les bords d’un pays dont il ignore le nom, donne chaque année un feuillage magnifique qui procure à tous, une ombre bienfaisante.
Nous sommes à la saison des fleurs, une brise légère souffle sur la nature. Les arbres frémissent sous leurs nouvelles feuilles et étendent lentement leurs solides ramures. Partout sur les sentiers et les petits chemins, alors que l’aurore lève son voile pur, un parfum délicat monte dans l’atmosphère comme pour vaporiser les embruns de la nuit. Le soleil doucement entreprend sa course, éclairant peu à peu l’horizon lointain. C’est alors qu’apparaît sur la mer bien calme, deux très grandes voiles blanches qui pointent vers le ciel.
CYBELE qui faisait comme chaque jour sa ronde, pense bien vite émue à sa lointaine maman. Mais alors que les voiles approchent, elle a tôt fait de voir qu’il n’en est rien. Non, cette chose qui avance n’a pas forme d’oiseau. Elle court vers la plage pour retrouver Scarabée.
-Bonjour mon ami, excuse-moi pour cette intrusion matinale, mais je voudrais que tu viennes avec moi un instant, faire un tour sur la plage.
-Se doutant que la cause devait être importante, Scarabée, sans rien demander, suit CYBELE.
Mais, ils ne sont pas les seuls à vouloir bien connaître cet intrus qui vient déranger leur grande sérénité. L’arbre, sous lequel Scarabée a élu domicile, fait aussi partie du nombre des curieux.
« Ah, dit-il, les voilà ces faux frères, ces hommes qui ont massacré ma forêt ! Croient-ils que je vais encore laisser faire ?
Jamais, ils ne viendront ici mettre leurs pieds. »
Et dans une grande puissance et une grande colère, il envoie rafales de vent bien ciblées.
On vit alors les voiles repartir vers le large et disparaître au loin comme grande fumée.
-Bien fait ! Grand-père, bien fait ! Ce sont des méchants.
CYBELE et Scarabée assistant au spectacle, ne surent jamais d’où était venu ce grand vent, mais, bien heureux de garder toute leur place, ils retournèrent chez eux, vers leurs occupations.
-C’est beau Grand-père !
-Oui, très beau, allez bonne nuit et fais de beaux rêves !
Publié le 09/10/2008 à 12:00 par umpre
6 L’île se peuple
Comme tous les matins, Amandine et la famille se retrouvent autour de la table pour déjeuner. Ce matin, c’est jour de congé, il n’y a pas école. Vers 10 heures, Amandine demande à son Grand-père de l’accompagner faire un tour dans le bois voisin. Ils partent donc tous les deux sans oublier une petite gourde remplie d’eau.
L’air est vivifiant, un parfum d’herbe humide accompagne leurs pas. Devant eux quelquefois passe un petit écureuil, pressé de traverser le sentier pour retrouver son arbre. On trouve aussi quelques petits hérissons qui n’hésitent pas à se mettre en boule dès qu’ils aperçoivent des passants. La route n’est pas bien longue et après quelques minutes de marche, on entre dans le bois où manèges, toboggans, poutres et filets ont été installés pour les enfants. Il y a là, quelques petits écoliers qui s’ébattent sous les yeux attentifs de leurs parents. Amandine aime bien ce coin où les grands arbres font comme une immense maison. Elle mène son Grand-père vers un banc où le soleil a bien séché l’humidité de la nuit.
« Voilà Grand-père, là, on sera bien, pas trop près des jeux car les petits crient et rient un peu trop fort ! Allez, tu me racontes la suite ?»
-Je ne peux rien te refuser mon lapin, tu es si gentille ! Bien. Veux-tu qu’on résume un peu le début ou as-tu bien gardé en mémoire tous les faits ?
-Non, non, Grand-père, je sais très bien où tu en es !
-Bien, alors continuons. Mais voyons, par quoi ce chapitre va-t-il commencer ?
-Je sais Grand-père, je sais : « Des soleils se levèrent, des soleils se couchèrent et l’île se peupla.
-Très bien ma chérie ! Très bien ! On fera peut-être de toi un écrivain !
-Oh pour cela Grand-père, il me faudra beaucoup d’imagination ?
-Crois-tu ma chérie ? Quelquefois l’histoire des hommes nous en donne la matière !
Donc, des soleils se levèrent, des soleils se couchèrent et l’île se peupla, mais pas d’hommes comme tu peux le penser ! Non, elle se peupla d’animaux. On y trouvait beaucoup d’espèces, des petits rongeurs, des herbivores, des carnassiers, des insectes, papillons, oiseaux de toutes sortes et bien entendu CYBELE et notre petit Scarabée.
-Mais Grand-père, ils étaient toujours vivants ?
-Ah oui, ma chérie, dans mon histoire personne ne meurt, c’est plus sympa, tu ne trouves pas ?
-Tu as raison Grand-père, si on pouvait vivre des soleils et des soleils, cela serait bien !
- Tu as bien compris qui était CYBELE ?
- Oui, Grand-père ! La Nature !
- Et Scarabée ?
- Moi, je dirai que c’est un peu la voix des animaux de la Terre.
-Ce n’est pas mal comme idée ma petite chérie. Eh bien, tu vois que tu as de l’imagination !
Donc la Nature et les animaux vivaient en parfaite harmonie : CYBELE continuait à entretenir l’île afin que chacun puisse trouver à se nourrir et les animaux étaient très respectueux du territoire de chacun. Il y avait bien quelquefois de petites bagarres, mais rien de grave, c’était plutôt les plus forts qui intimidaient les plus petits. Bien entendu, chaque groupe avait un chef et ma foi, tout se passait dans l’ordre des choses. Et puis… et puis… un jour arriva l’homme.
-Comment Grand-père ?
-Ah ! ça, nul ne le sait ma chérie. Depuis des soleils et des soleils on essaie d’en percer le mystère, mais je crois que c‘est peine perdu. Si quelqu’un veut en garder le secret, il faudra bien qu’on le respecte. Donc je vais imaginer pour mon histoire que cet homme est sorti de la mer. On dit tellement que la mer est une grande richesse, qu’on peut supposer qu’elle nous ait donné son plus beau bijou.
Donc, c’était une nuit, mais une nuit pratiquement sans lune. La veille, il y avait eu grande tempête et tous les animaux étaient restés terrés dans leurs coins. Est-ce la tempête qui ramena du fond de l’océan ce petit homme ? Toujours est–il qu’il se trouvait là, allongé sur la plage comme l’avait été Tronc d’arbre. Tu te souviens ?
-Très bien Grand-père.
Pendant toute la nuit, il ne bougea pas. Personne n’aurait pu lui porter secours, mais le lendemain alors…
Amandine continua : qu’une lueur orange apparut dans le ciel et l’illumina tout entier…
-Bien ma chérie !
Scarabée fit irruption.
-J’en étais sûre dit Amandine !
- Eh oui, ce petit Scarabée est de tous les sauvetages ! Donc il trotte sur la plage et rencontre le petit homme. Mais n’en ayant jamais vu, il pense que son ami arbre lui envoie un présent. Il grimpe donc sur le petit homme comme il l’avait fait pour son ami et passe sur ses lèvres.
-Quoi ! quoi ! Qu’est-ce que c’est ? Où suis-je dit le petit homme ?
-Bienvenue répond le Scarabée, bienvenue mon ami, tu es sur « l’île Paradisiaque ».
-Le petit homme alors se lève, et regarde autour de lui, il cherche l’auteur de ces paroles !
-Ici ! Ici ! Dit le Scarabée comprenant son interrogation.
Tout étonné, le petit homme prend le Scarabée dans ses mains et l’embrasse. Merci ami, merci de ton hospitalité. Je serai digne de cette amitié et respecterai cet endroit.
-Viens dit Scarabée, il faut que je te présente à tous les amis. Et c’est en lançant un petit cri, qu’il avertit les voisins, lesquels avertirent d’autres voisins et ainsi de suite.
Au bout d’une demi-heure, le petit homme est entouré par tous les habitants l’île.
-Mais Grand-père, comment pouvaient-ils communiquer ? Les animaux ne parlent pas !
-Oui, mais en ce temps-là, ils parlaient. Rappelle-toi ce qu’a raconté ta maîtresse !Les premiers hommes n’émettaient que des sons : heu ! heu ! hou ! hou !
-Tu me fais rire Grand-père !
Eh oui ma chérie ! Alors au début de notre histoire, les animaux devaient bien s’entendre avec les hommes ! Regarde, maintenant, quand le coucou chante, si tu reproduis exactement son bruit, il te répond.
-C’est vrai Grand-père ?
-Si je te le dis, il faut me croire ! Tu sais les adultes ne doivent jamais mentir aux enfants ! C’est une règle ! Alors, tu veux que je continue ?
-Peut-être pas Grand-père, il doit être tard, tous les enfants sont rentrés !
-Bien ma chérie, allons rejoindre Grand-mère, et en arrivant, nous lui dirons : Coucou ! coucou !
-Tu crois qu’elle répondra ?
-Nous verrons bien !
Et la grand-mère répondit : Coucou ! coucou mes chéris !
« Cela marche Grand-père ! » Dit Amandine.
Publié le 11/10/2008 à 12:00 par umpre
7 Un moment convivial
-Hum ! Grand-mère j’ai faim dit Amandine.
-Va vite te laver les mains et viens à table !
Amandine court dans la salle de bain, frotte ses mains en ne laissant pas couler l’eau trop longtemps. Elle sait que Grand-mère est intransigeante sur ce point : « Pas de gaspillage dit-elle, nous devons faire attention à notre planète ! »
Sur la table, Grand-mère a déposé une belle salade composée et du pain frais.
Grand-père s’assoit. Amandine tente de piquer une olive dans le saladier.
« Amandine ! dit Grand-père, tu sais qu’on ne doit jamais commencer à manger tant que toute la famille n’est pas à table et surtout Grand-mère qui a préparé le repas !
« C’est une marque de politesse et de respect. »
-Pardon Grand-père, mais c’était juste une petite olive !
-Non, ma chérie ! Grand-mère a passé toute la matinée à cuisiner, tu peux bien attendre une petite seconde !
-Oui, Grand-père !
Grand-mère ne tarde pas. Elle ramène avec elle la cruche d’eau.
« Grand-mère, il n’y a plus de coca ? »
-Ah ! Ma chérie répond Grand-mère, à table, on boit de l’eau. Toutes ces boissons remplissent l’estomac et empêchent de profiter des bons repas.
-D’ac ! D’ac ! Répond Amandine.
-Allez, bon appétit à tous ! dit Grand-père.
Grand-mère sert Amandine en salade et lui présente la corbeille de pain.
-Merci Grand-mère, ça a l’air d’être bien bon ce que tu as préparé !
Le repas se passe dans le calme. Amandine raconte à Grand-mère quelques détails de l’histoire qui l’ont le plus marquée.
-Tu sais Grand-mère qu’avant, mais bien avant ! Des soleils et des soleils en arrière, les hommes parlaient comme les animaux ?
-Oh ! Dis Grand-mère, en faisant un clin d’œil à Grand-père, je crois que ce temps là est revenu.
-Pourquoi tu dis ça Grand-mère ?
- Parce que ma chérie, quand je vais au marché, j’entends des enfants qui parlent à leurs parents comme à des chiens ! Ils crient dans la rue, disent des mots très incorrects et se conduisent quelquefois très mal !
-Moi non, Grand-mère ! Je ne crie pas dans la rue, maman me l’interdit. Elle dit que nous devons respecter les autres et ne pas les ennuyer avec nos bavardages.
-Elle a raison dit Grand-mère, mais beaucoup d’adultes maintenant semblent l’oublier ! Avec tous leurs portables, on est au courant de tout, c’est une agression perpétuelle ! Quel siècle, ma petite ! Quel siècle !
Bon dit Grand-père, nous ne referons pas le monde ! Comme pour couper court à toutes discussions.
Dehors, le ciel s’assombrissait, une petite pluie fine arrosait la nature. Le chien du voisin aboya.
-Tiens, le facteur est en retard aujourd’hui !
- Grand-mère, grand-mère ! Puis-je me lever de table et aller chercher le courrier ?
-Vas-y ma chérie !
Amandine court dans le jardin, prend deux enveloppes que le facteur lui tend et revient s’asseoir.
Il pleut Grand-mère, il pleut !
-Mon dieu, dit Grand-mère, mon linge va se mouiller !
Tous les trois se lèvent aussitôt et vont ramasser le linge qui effectivement commence à s’humidifier.
-Il sera bon à repasser dit Grand-mère, je n’aurai pas besoin de vapeur.
De nouveau à la maison, le repas terminé, Grand-père demande à Amandine si elle désire connaitre la suite de l’histoire.
-Oui Grand-père, mais après j’aiderai Grand-mère à ranger le linge. Tu sais, c’est toujours moi qui vais le mettre dans les placards. Grand-mère dit toujours : « il faut avoir de l’ordre, si on veut avoir l’esprit libre et reposé.»
-Tu crois ça Grand-père ?
-Si grand-mère le dit, c’est qu’elle a du le tester !
Publié le 14/10/2008 à 12:00 par umpre
8 L’homme sage
Tous deux assis sur le fauteuil, Grand-père continue l’histoire.
Donc…
Des soleils se levèrent…dit Amandine.
-Non, dit Grand-père, qui l’arrête aussitôt, non, cette fois Scarabée a mené l’homme vers le centre de l’île pour le présenter à tous les animaux. Lui cherchant ensuite un abri, il lui dit: « cette île est ton royaume. Tu trouveras pour te nourrir tout ce que tu désires, pour te chauffer, nous viendrons près de toi et si tu t’ennuies, sache que nous sommes toujours là pour t’amuser et te satisfaire. »
-Merci Scarabée, merci. Je ferai en sorte de me montrer discret afin de ne pas déranger ce monde qui m’accueille.
Petit homme s’installa donc entre deux arbres. A l’aide de ses grandes branches, il construit un toit. Au sol une herbe épaisse faisait office de lit. Il ramassa quelques pierres et en fit une table. Mais, la journée ayant été bien remplie, il s’allongea sur l’herbe et s’endormit.
La nuit alors recouvrit la nature, le ciel se tapissa d’étoiles, la Lune argentée tourna sa face vers l’île afin de donner lumière aux grands oiseaux nocturnes. Un peu plus bas, tout près de Scarabée, la mer chantait une berceuse aux petits coquillages. Tout était calme et serein.
L’arbre alors…
-Celui de Scarabée, Grand-père ?
-Oui ma chérie, l’arbre alors se mit à chuchoter :
Ô île de mon cœur qui m’a bien accueilli
Endors toi sous mes feuilles qui gardent et te protègent,
Je suis tout ton amour et toute ton énergie
Celle qu’il te faudra pour apaiser tes peines.
Pourquoi Grand-père, il parle de peines ?
Tu comprendras quand l’histoire sera finie, ma chérie.
Le lendemain alors qu’une belle lumière orange illuminait le ciel, petit homme se réveille. Oh ! Dit-il, voilà une belle journée qui s’avance, je vais aller reconnaître cette île merveilleuse.
-Grand-père ! Il était tout nu ?
-Oui ma chérie, nu comme un vers, mais tu sais cela ne le dérangeait pas, il n’y avait personne pour lui en faire la remarque !
Donc petit homme part. Il marche vers le nord, il marche vers le sud et tout au long de sa promenade, il profite de ce que la nature lui offre. Il trouve ainsi de jolies noix de coco, des dattes, des bananes et encore d’autres fruits bien succulents. A chaque fois qu’il en cueille un, il dit : « Merci, merci .»
-Mais à qui il dit merci, Grand-père ?
-Aux arbres, à la nature, à CYBELE ! On a trop l’habitude de se servir des choses sans remercier ! Les plantes vivent ma chérie, je ne sais pas si elles entendent mais dire merci, cela ne coûte rien !
-Tu as raison Grand-père, à l’avenir je dirai merci, mais je le dirai du fond de mon cœur, car si mes copines m’entendent, elles risquent de se moquer de moi !
-Eh oui, ma chérie dans cette vie, il faut toujours agir en fonction des autres ! Mais tu pourras leur raconter l’histoire quand elle sera terminée et peut-être qu’elles aussi se mettront à remercier du fond de leur cœur ?
-Ah ma chérie, avec tous ces raisonnements, j’ai un peu perdu le fil ! Voyons, voyons où en étais-je ?
-Au petit bonhomme qui dit merci.
Bien ! Donc après avoir fait le tour de l’île, il regagne son abri. Une chèvre sauvage l’attend. Quand elle le voit, elle se met à gémir en se frottant à lui.
-Mon Dieu, ma belle, que puis-je faire pour te soulager ? Et en disant cela, il s’aperçoit que ses mamelles sont très gonflées.
« Mais que puis-je faire ? Que puis-je faire ? » et voyant les deux pis, il se met à téter.
-Comme les bébés, Grand-père ?
-Comme les bébés. Mais au bout d’un moment, rassasié, il s’arrête. La chèvre alors se frotte à nouveau à lui.
« Bon dit-il, je veux bien encore te soulager, mais cette fois, je vais essayer avec les mains. Et c’est ainsi qu’il appris à traire la petite chèvre. Il mit le lait dans des coquilles de noix de coco qu’il avait gardées, les recouvrit de grandes feuilles bien fraîches et posa le tout à l’ombre. La chèvre soulagée se mit à sauter autour de lui, puis repartit.
Mais tous les jours, pendant de longs mois, elle revint se faire traire. Entre-temps, le lait qui était resté dans les noix de coco car il ne buvait pas tout, avait pris une autre consistance.
-Qu’est-ce que cela veut dire Grand-père ?
-Le lait n’était plus liquide, il s’était épaissit et avait formé un peu comme un fromage !
-Un fromage de chèvre dit Amandine !
-Si tu veux, on peut dire ça !
Alors, heureux de cette transformation, il enferme tous ces petits fromages dans des feuilles et va les porter à ses amis. C’est que depuis qu’il vit sur cette île, il a maintenant beaucoup d’amis ! Des chèvres, des singes, des oiseaux et puis Scarabée et CYBELE. Mais ce qu’il ignore c’est qu’il a un grand ami qui le protége.
- Grand-père ! Moi, je sais !
- Ah ! Dit Grand-père, et à qui penses-tu ?
- A l’arbre magique !
- Eh oui ! L’arbre magique. C’est lui qui lui avait envoyé la chèvre pour que celle-ci le nourrisse, mais petit homme ne le sut jamais !
- Et toi Grand-père, comment tu l’as su ?
- Ah ! C’est mon petit doigt qui me l’a dit ! D’ailleurs il me dit aussi que Grand-mère a fini le repassage et qu’elle t’attend pour ranger le linge !
- Oh, Grand-père, j’avais oublié. Merci petit doigt dit Amandine ! Puis elle rajouta : « J’aimerais bien qu’il me parle aussi ! »
Publié le 20/10/2008 à 12:00 par umpre
9 Les rapaces
Il est dix-huit heures, les parents d’Amandine entrent du travail. Comme tous les soirs, maman cajole son bébé qu’elle n’a pas vu de toute la journée, et s’occupe des devoirs et des leçons d’Amandine. Papa, après une bonne douche fait le tour de la maison et souvent travaille à des dossiers qu’il ramène de son bureau. Des conversations vont bon train entre tous les occupants de la maison. Grand-mère s’affaire toujours dans la cuisine afin que le repas soit prêt à l’heure. Elle ne tient pas à être en retard car dit-elle, la soirée serait désorganisée. Elle pense surtout en disant cela aux enfants qui doivent avoir des heures régulières pour leur coucher. Dans la journée, c’est Grand-mère qui prend soin du bébé, mais le soir il retrouve papa, maman et Amandine afin de lui donner de bons repères. Il est très important pour lui, petit bout de chou, qu’il sache bien connaître le monde qui l’entoure.
Donc ce soir-là, comme tous les autres soirs, la famille se retrouve autour de la table et déguste tous les bons petits plats que Grand-mère a préparés. Ensuite, la soirée de détente commence. Il n’y a pas de télévision dans le salon. Seuls Grand-père et Grand-mère en possèdent une dans leur chambre. C’est maman et papa qui l’ont voulu ainsi. Ils pensent que les enfants ont bien le temps de s’y habituer. Ils veulent pour eux, des moments conviviaux autour de conversations intéressantes et culturelles. D’ailleurs si Amandine adore lire et écouter les histoires de Grand-père, ce n’est pas pur hasard ! Elle y est habituée depuis sa plus tendre enfance. Il faut déjà la voir raconter les histoires à son petit frère Sylvain ! Celles de Grand-père mais celles aussi qu’elle lit sur ses livres d’images !
Donc ce soir-là, c’est encore avec Grand-père qu’elle rejoignit sa chambre pour écouter la suite de CYBELE et la Terre.
Quelques petits soleils se levèrent et quelques petits soleils se couchèrent dit-il à Amandine qui s’était bien calée sur ses deux oreillers !
-Pourquoi Grand-père, le temps raccourcissait ?
-Non, ma chérie, mais tu vois je pense qu’il est plus long à construire les choses qu’à les défaire !
Dans cette île si belle que l’oiseau d’or avait créée pour CYBELE, tout était enchanté. Les arbres, les fleurs, les animaux et les insectes passaient des jours heureux. Et un jour, sans méfiance car avec petit homme il avait toujours été récompensé, un jour, d’autres hommes arrivèrent et Scarabée les laissa entrer.
-Mais d’où venaient-ils Grand-père, toujours de la mer ?
-Oui ! Peut-être avaient-ils fait naufrage au cours d’une tempête ? Ils abordèrent l’île en grands conquérants.
« Ah, merci ! merci ! Dirent-ils à la mer, tu nous as mis sur terre pour qu’on ne périsse pas ! » Et plein de fougue et joyeuses paroles, ils entreprirent la visite de l’île
Paradisaque. En passant dans les allées que petit homme avait tracées pour tous ses amis, ils arrachaient les fleurs pour garnir leurs oreilles, jetaient des cailloux pour faire tomber les fruits et quand ils arrivèrent au plus haut des sommets, on les entendit dire : « Ici, nous sommes chez nous ! » Ils avaient oublié que cette Terre CYBELE n’était qu’un refuge pour eux.
-Eh oui Grand-père, ce n’était pas chez eux !
-Oh ! Ils auraient pu faire de cette île une perle, une perle qui les aurait parés jusqu’à leurs derniers jours ! Mais non, ils ont commencé à couper les arbres, à dévier les rivières, à creuser les rochers, à polluer les mers, ils sont même allés à tuer les petits animaux !
-Oh, Grand-père, ton histoire devient triste ! Je vais pleurer si tu continues.
-Je sais ma chérie ! Je sais, mais tu sais qu’on ne doit pas mentir aux enfants, alors il faut que tu sois forte pour accepter l’histoire, mais peut-être y a-t-il une solution ?
-Pour sauver cette Terre Grand-père ? Pour sauver cette Terre ?
-Oui, ma chérie, je vais y réfléchir. Et maintenant, dors bien. Peut-être que c’est toi qui trouveras la fin ! Peut-être que dans tes rêves, le bel arbre te parlera et te dira comment il faut faire pour relever tout cela ? Dors bien ma chérie, dors bien, je t’aime.
Grand-père embrassa Amandine, éteignit la lumière et sortit doucement.